Que fait-on, chez un musicothérapeute?

 

Chaque personne est unique, chaque séance varie donc en fonction de la personne. Cependant, plusieurs éléments bien précis constituent généralement le cadre d'intervention musicothérapeutique classique. En même temps, ces éléments peuvent bien sûr être modifiés et adaptés selon la personne qui consulte. En effet, ils ne constituent pas un cadre rigide mais plutôt une proposition d'accompagnement flexible. Voici quelques exemples de musicothérapie traditionnelle:

 

1) ANAMNESE SONORE-MUSICALE 

 

Cette première étape permet de faire la connaissance du patient. Comment est-il arrivé, par qui, quelle est sa demande...Lors de cette première entrevue, beaucoup d'importance est consacrée à l'exploration de l'environnement sonore du patient depuis sa naissance.

Ainsi, on peut s'intéresser par exemple aux types de musique/sons/bruits écoutés et entendus à la maison, à la pratique des berceuses pendant l'enfance, au type d'expression musicale développé à l'adolescence...Pour les patients Alzheimer par exemple, on s'intéressera particulièrement au répertoire de chants connus pendant la jeunesse...

 

L'idée est de constituer une 'biographie sonore-musicale' du patient. Ceci peut déja donner au musicothérapeute des indications précieuses quant à une possible utilisation de musique lors de séances ultérieures. 

 

2) EVALUATION PSYCHOMUSICALE DE LA PERSONNALITE

 

Lors de cette deuxième étape, le musicothérapeute peut pratiquer plusieurs types d'évaluations qui vont lui donner un complément d'informations sonoro-musicales et une analyse plus détaillée du profil psychomusical de la personne. 

 

Quelques exemples d'évaluations qui peuvent être proposées :

- Test de musicalité:  tester la réceptivité et réactivité de la personne à la musique et ses composantes (rythme, timbre, mélodie, harmonie). Voir comment quelqu'un se comporte en présence d'instruments de musique, s'il peut en jouer ou improviser, quel instrument l'attire en particulier...

- Test d'écoute psychomusicale: écoute d'échantillons musicaux standardisés pour proposer par exemple ultérieurement des programmes d'écoute musicale en relaxation...

- Autres: en fonction de la demande et du besoin de la personne: ex. compétences sociales, compétences cognitivo-musicales... 

 

Pourquoi pratiquer de la sorte?

Parce que la musicothérapie ne convient pas forcément à tout le monde et qu'on n'utilise pas n'importe quel type de musique à n'importe quel moment.  

 

Tout type de musique est en effet relié à un contexte. Une musique calme peut sembler relaxante à certains, ou bien par contre énerver d'autres. Un compositeur particulier aura peut-être un effet sur vous, mais votre voisin y sera tout à fait indifférent. Ce même voisin adorera les airs de trompette qui lui rappellent la fanfare de tonton José alors que vous, vous ne supportez pas les fanfares...

 

De même, vous irez peut-être spontanément au piano, alors que votre soeur préférera chanter des airs d'opéra, tandis que votre grand-père aura...oui pourquoi pas...envie de s'exprimer sur un djembé...

 

3) PROPOSITION D'UN PLAN D'INTERVENTION THERAPEUTIQUE

 

Après les deux premières étapes, le musicothérapeute dispose en principe d'un ensemble d'informations qui lui permettent de proposer un plan d'intervention de base en fonction d'un ou plusieurs objectifs bien précis (ex. développer l'autonomie, gérer les situations de colère...). 

Le cadre, le contenu et les objectifs des séances sont fréquemment réévalués en fonction de ce que la personne peut exprimer pendant la séance et de la façon dont elle évolue. Ainsi, si le musicothérapeute constate la musicothérapie ne peut convenir à la personne, il redirige alors celle-ci vers un autre spécialiste. Si par contre les séances sont bénéfiques, il est possible d'envisager un plus long terme en redéfinissant de nouveaux objectifs, avec pour objectif principal d'améliorer la qualité de vie du patient.

 

Individuel ou groupal?

Les séances sont individuelles ou en groupe, selon la demande du patient et l'objectif des séances.

  Par exemple, pour des patients Alzheimer, il peut être tout aussi intéressant de pratiquer des séances de chansons en petit groupe, qu'en individuel au bord du lit. En groupe, on pourrait travailler par exemple l'aspect cognitif par la pratique d'un répertoire de chant commun avec accompagnement de petites percussions... En individuel on pourra par contre consacrer du temps à des exercices cognitifs, mais aussi  prendre plus de temps pour permettre au patient d'exprimer ses émotions et tenter de mettre des mots sur son vécu...

 

Durée?

Le nombre de séances et leur durée varient  selon la personne et les objectifs recherchés. En règle générale, on pourra proposer jusqu'à 8-10 séances allant d'une demi-heure pour les plus petits, jusqu'à une heure ou plus pour les adultes. Ceci peut cependant vraiment varier d'une situation à l'autre.

  Par exemple, lors d'une séance 'berceuse' en néonatologie, on accordera beaucoup d'attention à toute l'interaction entre une maman et son bébé, et l'on veillera particulièrement à utiliser la musique par toutes petites touches, pendant quelques minutes, puis on fera une pause. Et on recommencera plus tard, en douceur et respect de la relation qui se crée entre le bébé et sa maman.

 

Travail avec d'autres intervenants

Les séances peuvent être réalisées en collaboration avec d'autres intervenants, c'est même souhaitable pour plus d'efficacité thérapeutique.

  Par exemple, on pourrait proposer un travail langagier pour un patient aphasique, en collaboration avec un logopède. La SMTA, par exemple, est une technique mixte logopédique-musicothérapeutique développée aux Pays-Bas depuis peu, qui permet de rééduquer très efficacement certains types d'aphasie et apraxie.